C’est un film politique iconoclaste, assez étrange et d’une grande liberté. Peut-être le plus « Pasolinien » des films de Fassbinder. Construit à l’arrache, sans de vrais moyens. Il reprend un fait historique :
En 1476 la Vierge apparu au modeste berger Böhm et lui donna une mission secrète. Il exhorta les paysans à se révolter contre les seigneurs féodaux et à lutter pour l’égalité entre les hommes en suivant les conseils de la vierge. Arrêté il fut, sur l’ordre de l’évêque de Wurzburg, exécuté.
Cet épisode de la guerre des paysans au 15e siècle en Allemagne sert de trame à Fassbinder pour son film, qui est une réflexion sur le mouvement gauchiste des années 70 et son échec et sur le rôle des avant-gardes intellectuelles et artistiques.
Böhm dans le film est entouré d’un représentant des Black Panther, d’Antonio das Mortes une éminence grise qui met en scène se harangue à la foule (incarné par Fassbinder en jeans et perfecto) et d’une vierge gauchiste.
L’évêque qui le condamne est représenté comme un prélat corrompu du siècle galant, pédophile, entouré d’angelots et de Chérubins… les masses paysannes ne suivent pas et les révoltés sont massacrés par des escadrons de G.I’s noirs. Böhm est crucifié au milieu des carcasses d’un cimetière de voiture tandis qu’une partie des militants noient leur chagrin dans la drogue, d’autres organisent la guérilla urbaine. Le film est truffé de décors pseudos religieux inspirant pour Liberté à Brême. Ainsi que de chants religieux, et de prières chantées dans leur entièreté.
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