Wolfang Borchert écrit Dehors devant la porte (Draussen vor der Tür) en quelques jours durant l’automne 1946. C’est une pièce bouleversante qui reflète le drame vécu par une génération de jeunes allemands. Condamné à mort pour défaitisme et antinazisme, puis gracié, Wolgang Borchert passera les années de guerre en prison et sur le front russe. Il meurt de la tuberculose la veille de la première représentation de son unique pièce. « Dehors devant la porte, une pièce qu’aucun théâtre ne voudra jouer et que personne ne voudra voir », ainsi sous-titre-t-il sa pièce. Il se trompait : le texte est devenu un classique.
Fin de la seconde guerre mondiale. Le soldat Beckman rentre chez lui à Hambourg. La ville est dévastée.
La vie qui l’attend ressemble à un film hallucinant. Plusieurs fois pendant la projection il doit se pincer, ne sachant pas s’il rêve ou s’il est éveillé. Il s’aperçoit alors qu’il y a des gens à côté de lui, à droite et à gauche, des gens qui vivent la même chose que lui. Et il se dit que ce doit bien être la vérité. Et à la fin, lorsqu’il se retrouve dans la rue, l’estomac vide et les pieds gelés, il se rend compte que c’était un film ordinaire, tout ce qu’il y a de plus ordinaire. L’histoire d’un homme qui rentre en Allemagne, comme tant d’autres. Tous ces gens qui reviennent chez eux sans pourtant rentrer car ils ne savent plus où aller. Chez eux, c’est dehors, devant la porte. Leur Allemagne, elle est là dehors, dans la nuit, dans la pluie, dans la rue.
Wolfgang Borchert, préface de Dehors, devant la porte