Le titre d’origine de la pièce est Le règne troublé et la mort pitoyable d’Edouard II, roi d’Angleterre et la chute tragique de l’orgueilleux Mortimer. Le ton est donné. Il s’agit d’un conte cruel. Une pièce “baroque”, plutôt que classique, aux accents tour à tour comiques ou grandement tragiques.
Avec cette nouvelle traduction j’ai choisi de monter l’intégralité de l’œuvre afin de faire complètement entendre la poésie naïve, drôle et violente de Christopher Marlowe, un des grands auteurs dramatiques de la renaissance élisabéthaine.
Pièce iconoclaste, écrite par un jeune auteur au tempérament rebelle, Edouard II c’est l’histoire tragique d’un roi qui n’était pas fait pour régner, mais pour aimer, passionnément, sans compter… Et c’est l’histoire de barons obstinés à purger le royaume de ce roi “contre nature” (qui anoblit son mignon et le fait asseoir sur son trône tandis qu’il chasse sa reine en la traitant de putain), au nom d’un ordre moral qu’ils ne cessent eux-mêmes de bafouer.
Edouard, parfois trivial ou capricieux, face à un destin qui d’abord le dépasse sera pourtant dans son martyr final le seul dépositaire de la grandeur et du sacré. C’est une pièce sur l’amour – où le roi y est amoureux d’un autre homme – plutôt que traitant d’homosexualité. Une pièce moderne, chargée d’une force subversive et d’une liberté rageuse dans ses prises de position politiques, religieuses ou morales.
Avec les acteurs, j’ai choisi d’accompagner le texte au présent, privilégiant la simplicité de la mise en scène et l’évidence du plateau nu.