Splendid’s a une place à part parmi les autres pièces de Jean Genet. D’abord parce qu’il la dénigrait, ne voulait pas qu’elle soit éditée, même s’il l’a réécrite à plusieurs reprises. Pièce a part aussi, parce qu’elle concentre à elle seule tous les thèmes qui sont développés dans le reste de son œuvre : le sacré, la mort, la mise en abîme des modes de jeu (le théâtre dans le théâtre), la représentation sociale/théâtrale, la trahison, la transfiguration… Enfin c’est peut-être sa pièce la plus cynique, comique.
Entre ciel et terre, au septième étage d’un hôtel de luxe, le Splendid’s, sept gangsters rejoints par un policier en rupture de légalité, défient l’ordre public : ils ont enlevé la fille d’un millionnaire américain, dans l’idée de demander une rançon. La fille succombe « accidentellement ». Pour sauver la situation et retarder l’assaut des forces de police, le chef du gang prend la résolution héroïque, de faire lui-même une apparition, revêtue de la robe de bal de la jeune fille, sur les balcons du palace…
C’est une pièce sur l’échec. La rupture. L’histoire d’un groupe de gangsters acculés. De petits braqueurs qui se prennent pour de grands criminels.
Les personnages sont à mi-chemin entre ciel et terre. Une sorte de purgatoire où tout se joue et où les destins peuvent basculer, d’un instant à l’autre.
Genet dans sa préface nous dit qu’ ils ne se toucheront jamais. Mais il ne nous dit pas à quelle distance ils seront les uns des autres. C’est là pour moi que réside l’un des enjeux principaux de la pièce, la proximité des corps, la tension et le désir.